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La prospective selon Gaston Berger : anticiper l’avenir pour mieux le construire

  • amellouzguiti
  • il y a 2 jours
  • 4 min de lecture

Dernière mise à jour : il y a 57 minutes

Depuis toujours, l’Homme s’est intéressé à l’avenir ; la Prospective, néologisme né sous la plume de Gaston Berger à la fin des années 1950, n’est qu’une manière méthodique de manifester cet intérêt. Ce terme décrit un concept assez simple : l’étude des futurs possibles ; des multiples chemins que l’Histoire pourrait emprunter. Pour cela, la Prospective du fondateur de l’INSA, considère que l’avenir n’est pas « prédéterminé, mais à construire ».

 

Petit historique de l’étude de l’avenir

Il y a, en matière de futurs, deux façons de l’envisager. La première, fantaisiste, empreinte des espoirs et des peurs qui fabriquent les prophéties. La seconde, plus rationnelle, repose sur l’étude scientifique des faits passés, produisant « prévisions », « probabilités » et autres « conjectures ». Longtemps distinctes, la frontière entre ces deux approches devient floue au 19e siècle avec, entre autres, l’émergence du « merveilleux-scientifique », un genre littéraire qui jettera les bases de la science-fiction.

Affiche exposition Le merveilleux-scientifique 2019 BnF
Affiche exposition Le merveilleux-scientifique - 2019 (Crédits : BnF)

Dans le même temps, les États commandent des « études prospectives ». L’objectif ? Dresser des scénarios pour orienter les décisions politiques. La Prospective devient alors un outil stratégique, convoqué par les décideurs pour naviguer dans les temps d’incertitudes économiques.

En France, l’approche définie par Gaston Berger est appelée « anthropologie prospective » ou encore « science de l’Homme à venir ». À partir des années 1960, la Prospective gagne en popularité : elle irrigue les institutions, les entreprises et même les politiques publiques. Des organismes dédiés voient le jour ; même la Commission Européenne se dote d’une cellule Prospective.

 


Gaston Berger, un penseur de l'anticipation 

Né en 1896 à Saint-Louis au Sénégal, Gaston Berger a mené une carrière de haut-fonctionnaire et de philosophe marquée par un engagement en matière d’innovation sociale. Sa pensée se distingue par une approche humaniste, où l’homme -et par extension l’ingénieur, sont à la croisée de la réflexion et de l’action. « Berger était un être exceptionnel. La prospective, c’est Gaston Berger », expliquait Philippe Durance, spécialiste de la Prospective. « Elle est née dans son esprit à une époque de maturité : il avait une soixantaine d’années, une grande expérience et avait toujours été à cheval entre la réflexion et l’action ». Comment faire pour agir de manière réfléchie et nourrir mon action de ma réflexion ? « C’est ce qui l’a guidé tout au long de sa vie. La prospective n’a pu être nommée que parce que Gaston Berger a pu mettre un nom sur la pensée qui l’a animé pendant 20 ans, une pensée de philosophe en action ! C’est un petit miracle. Nous retrouvons des pensées proches de celles de Berger, notamment avec des philosophes allemands, mais elles ne vont jamais jusqu’au bout, jusqu’à l’action, la construction collective. Le seul à l’avoir fait, c’est lui », ajoute celui qui a accompagné l’INSA Lyon dans sa démarche Prospective en 2018.


 

Éclairer le présent grâce aux futurs

Gaston Berger, philosophe et fondateur de l’INSA Lyon.
Gaston Berger, philosophe et fondateur de l’INSA Lyon.

Ainsi, la Prospective n’a pas pour objectif de dévoiler l’avenir, comme s’il s’agissait d’une histoire déjà écrite mais de nous aider à le construire. « L’avenir est moins à découvrir qu’à inventer », écrivait le philosophe. À rebours de la divination ou des prédictions figées, la prospective propose une méthode rigoureuse et audacieuse : observer le présent à la lumière des futurs possibles. « Voir loin, voir large, analyser en profondeur, prendre des risques, penser à l’Homme » ; tels sont les cinq impératifs que cette démarche exploratoire interroge celles et ceux qui voudraient s’y aventurer.

 

La Prospective considère l’avenir en trois grands « domaines » : 

 

  • L’avenir, domaine de liberté : le futur n’est pas déterminé et n’est pas une fatalité mais une chance, constitué d’un ensemble des futurs possibles et imaginables. 

  • L’avenir, domaine de volonté : il est le fruit de l’action ; il faut pour cela étudier les futurs possibles et agir pour advenir le futur choisi.

  • L’avenir, domaine de responsabilité : face à un avenir ouvert, choisir son avenir est une obligation qui relève d’une responsabilité collective.

 

Au sein de l’organisation : une démarche collective par essence

Comme au sein de la Commission Européenne en 1989 ou encore à l’ONU, la Prospective se développe dans les institutions, comme un outil de transformation et d’accompagnement au changement. « Elle est une maïeutique : son objet se dessine au fur et à mesure que la réflexion avance », Philippe Durance, qui a accompagné plusieurs organisations dans la mise en place de la démarche en leur sein. Mais pour qu’elle produise ses effets, la démarche suppose une implication pleine et entière des parties prenantes. L’anticipation, pour se traduire en action, nécessite une réelle appropriation par ceux qu’elle engage.

 

Ainsi, en identifiant les grands défis à venir, l’exercice repose sur cinq interrogations fondamentales : « que peut-il advenir ? », « qui sommes-nous ? », « que pouvons-nous faire ? », « que voulons-nous faire ? » et « comment le faire ? »

En tant que discipline tournée vers l'anticipation et la construction collective, la Prospective offre un cadre pour penser et agir dans un monde en mouvement. L’héritage de Gaston Berger semble plus que jamais d’actualité face à l’incertitude aux enjeux de la transition écologique et sociale et au besoin d’action et de mobilisation collective.

 

 


 « En 2018, l’INSA Lyon entamait une démarche Prospective, selon la méthodologie de son fondateur. »

 


"Regarder un atome le change, regarder un homme le transforme, regarder l'avenir le bouleverse. Le monde des hommes est un monde en accélération constante. Dans un univers où tout se transforme si rapidement, la prévision est à la fois absolument indispensable et singulièrement difficile."

Gaston Berger

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