Lorsque l’on veut agir pour s’engager vers une transformation cohérente et durable en matière de transition socio-écologique, il peut arriver de se sentir dépassé. Le « Manuel de la grande transition (1) », ouvrage co-dirigé par la philosophe Cécile Renouard, propose des approches pour dépasser ce découragement, et trouver sa voie vers l’action. Son nom ? « La méthodologie des 6 portes ».
Chacun sa route, chacun son chemin. La transition socio-écologique requiert de profondes révisions de nos manières de penser et d’agir. Issu au départ d’une demande du Ministère de l’Enseignement Supérieur pour transformer la communauté apprenante, cet ouvrage est finalement devenu une boîte à outil transdisciplinaire. Il vise une transformation sociétale en offrant à chacune et chacun six portes à ouvrir selon ses envies, son expérience et ses besoins.
Voici les 6 terrains de questionnement pour ceux qui veulent s’engager dans un cadre structuré, vers une transformation cohérente et durable.
« Oikos », le foyer : habiter un monde commun
Cette première porte explore la gestion de notre maison commune : la Terre. Elle renvoie à la nécessité de prendre soin des ressources naturelles, de l’environnement et des écosystèmes, en prenant en compte les limites planétaires. Sous l’angle du diagnostic et des sciences dures, elle invite à reconnaître la nécessité de préserver notre maison commune.
« Ethos », le comportement : discerner et décider pour bien vivre ensemble
Comment bien vivre ensemble « avec et pour les autres, dans des institutions justes » comme le définissait le philosophe Paul Ricoeur ? Cette deuxième porte désigne l’ensemble des comportements et des valeurs qui orientent notre manière d’agir au quotidien. Elle interroge nos responsabilités sociales, morales et politiques pour nous engager collectivement vers l’horizon d’une société désirable.
« Nomos », les règles : mesurer, réguler et gouverner
La porte « Nomos » appelle à réévaluer nos métriques, nos indicateurs et nos règles du jeu en accord avec les valeurs que nous souhaitons pour une société désirable. Souhaitons-nous encore calculer la valeur d’un pays uniquement par son Produit Intérieur Brut (PIB) alors que cet indicateur favorise un modèle de croissance infinie, ignore les coûts sociaux et environnementaux liés à ce même modèle et ne prend pas en compte la qualité de vie des populations ?
« Logos », la parole : interpréter, critiquer et imaginer
Quels mots utiliser entre « urgence climatique », « réchauffement climatique » ou simplement « changement climatique » ? Cette porte explore la richesse de notre vocabulaire et sa contribution plus ou moins efficace dans les récits autour de la transition écologique.
« Praxis », l’action : agir à la hauteur des enjeux
Comment trouver des logiques convergentes, relier les différentes mobilisations sociales et citoyennes à travers la planète ? « Praxis » donne à voir les chemins possibles pour lier les humains malgré leurs différences. Cette porte représente la transformation des idées en actions tangibles et réalistes.
« Dynamis », la puissance intérieure : se reconnecter à soi, aux autres et à la nature
Cette porte renvoie à la capacité des individus à s’organiser individuellement et collectivement, grâce à leurs compétences et leurs résiliences. Une reconnexion à soi et à la nature favorisant une forme de résilience, Dynamis mise sur le développement des capacités pour activer la puissance du collectif et contribuer ainsi à la transformation.
Si cette entrée en matière vous parle, la méthodologie complète est à retrouver sur le site du Campus de la Transition.
Cécile Renouard est présidente du Campus de la Transition, une association dont la mission est de former pour transformer l’Enseignement Supérieur et les responsables d’aujourd’hui et de demain en vue d’une transition écologique et solidaire.
Pour aller plus loin
Visionner la conférence de Cécile Renouard donnée dans le cadre de la 3ème session de l’Assemblée pour la transition écologique et sociale de l’INSA Lyon (septembre 2024)
(1) Le Manuel de la Grande Transition est issu d’une demande de la ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche. Il est le fruit du travail du collectif « FORTES » (Former à la Transition Écologique et Sociale de l’Enseignement Supérieur) constitué de 70 enseignants-chercheurs de différentes disciplines ainsi que quelques praticiens du monde de l’entreprise et des étudiants.