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Et si une app pouvait améliorer le repérage des troubles du sommeil chez l’enfant ?

  • amellouzguiti
  • 18 sept.
  • 3 min de lecture

Silencieuse, l’apnée du sommeil entame parfois des années de développement chez l’enfant sans jamais être détectée. Pour faire face à ces diagnostics tardifs, une équipe lyonnaise mène un projet inédit : transformer un simple smartphone en outil de dépistage. Une application discrète, sans capteurs ni fils, pour relever les signaux faibles du sommeil troublé. À la croisée de la recherche appliquée, de la santé publique et de l’innovation sociale, cette initiative veut offrir aux enfants une meilleure prise en charge des troubles du sommeil. Vincent Barrellon, ingénieur de transfert au LIRIS (1) explique les contours du projet co-porté par son laboratoire, au sein de l’équipe DataValor, l’UGECAM et le CNRS.

 

La qualité du sommeil des enfants mal diagnostiquée

Le Syndrome d’apnée obstructive du sommeil, ou SAOS, est un trouble de la ventilation nocturne qui peut toucher aussi bien les adultes que des enfants. Cependant, pour cette dernière population, malgré les signes cliniques, les diagnostics restent très tardifs. « On estime qu’il s’écoule en moyenne 5 années entre les premiers symptômes et le diagnostic --  pour les enfants qui ont la chance d’être repérés ; pendant ce temps, leurs conditions de vie se dégradent, l’enfant rencontre des troubles du développement physique, psychique ou même comportemental, de l’échec scolaire. Sur le plus long terme, des troubles du sommeil peuvent entraîner des maladies cardiovasculaires, des troubles dépressifs ou même de l’obésité », introduit Vincent Barrellon. Aujourd’hui, on estime la prévalence de l’apnée du sommeil pédiatrique entre 2 et 5 % (2), ce qui en fait un problème de santé publique majeur. « Et il n’y a pas d’outil à disposition pour pouvoir faire des dépistages à la maison et déceler des signes précoces. Cette situation conduit également à un fort sous-diagnostic, qui pénalise les enfants et coûte cher à la société. »

 

Enfant qui dort
Silencieuse, l’apnée du sommeil entame parfois des années de développement chez l’enfant sans jamais être détectée. (Crédits : AdobeStock)

Une application mobile pour le dépistage précoce

Ainsi, le projet de Vincent Barrellon et son équipe (3) est le suivant : développer une application mobile permettant de surveiller et d’analyser les signes respiratoires qui pourraient révéler un trouble du sommeil. « Nous sommes dans une phase d’expérimentation, mais nous visons un outil simple, qui ne requerrait aucun dispositif supplémentaire sauf le téléphone », explique l’ingénieur de recherche. L’ambition est double : proposer un outil de dépistage précoce, en priorisant les foyers les moins sensibilisés aux questions de santé pédiatrique. « Nous sommes dans une phase de construction, tant sur l’aspect scientifique que juridique. Nous souhaitons rendre cette application gratuite pour qu’elle ait un impact social maximal. Pour l’instant, la forme associative semble la plus envisageable. »

 

Un projet collaboratif et une ambition sociale

Derrière l’innovation se tient un réseau d’acteurs engagé : l’UGECAM Rhône-Alpes, groupe de l’Assurance Maladie, met à disposition de l’équipe de l’INSA Lyon un jeu de données issu de La Maisonnée, un établissement spécialisé dans l’analyse du sommeil. « Le LIRIS assure, de son côté, le développement scientifique, au sein de l’équipe de recherche appliquée DataValor (INSAVALOR). Le CNRS soutient l’ensemble via un financement de 150 000 euros dans le cadre de son programme de prématuration, permettant notamment de recruter un ingénieur de recherche chargé de l’analyse des données », ajoute Vincent Barrellon.

Par ailleurs, au-delà des institutions, ce sont les acteurs de terrain que l’équipe souhaitera toucher pour se faire les premiers relais de la solution. « Les enseignants, la médecine scolaire, les crèches et PMI, les médecins de ville seront les meilleurs promoteurs pour sensibiliser les familles. »

 

Encore en phase de prématuration, la dynamique est toutefois lancée. « Nous n’en sommes qu’à la validation des modèles et nous souhaitons commencer des tests cliniques en septembre. Il nous faudra également travailler à l’ergonomie et la gestion des données de santé, car notre prototype est une application plutôt rudimentaire pour l’instant », conclut l’ingénieur de recherche du LIRIS. Pour franchir cette dernière étape, un appel aux dons est envisagé. À terme, l’équipe espère pouvoir déployer une première version test d’ici un an, et ainsi offrir un dépistage du sommeil pédiatrique à la hauteur des enjeux de santé.

 

(1) Laboratoire d’InfoRmatique en Image et Systèmes d’information (UMR 5205 CNRS / INSA Lyon / Université Claude Bernard Lyon 1 / Université Lumière Lyon 2 / École Centrale de Lyon)

(2) Thibault. C. «Oralité et Syndrome d’Apnée(s) Obstructive(s) du Sommeil (SAOS)» Rééducation orthophonique (Vol.54 n°271, Septembre 2017).

(3) Pour le LIRIS / DataValor : Benjamin Bertin, Enzo Terreau. A l’UGECAM : André Stagnara et Geoffroy de la Gastine.

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Gaston Berger

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